«L’après Coronavirus: des robots pour réindustrialiser l’Europe». La tribune de Fabrice Zerah

Tribune de Fabrice ZERAH, Président d’UBI Solutions parue sur www.lopinion.fr le 20 avril 2020.

La crise sanitaire du coronavirus fait éclater au grand jour l’ambivalence de la globalisation. Au cours des dernières décennies, nous avons, certes, multiplié comme jamais les échanges de marchandises, de capitaux, de savoirs. Mais nous avons aussi, sans trop nous en rendre compte, patiemment organisé, méticuleusement systématisé, notre vulnérabilité collective.

Nos modes de production devront être profondément repensés. Comment ne pas voir que cette crise marque un coup d’arrêt à la division internationale du travail telle que nous la connaissons ? Car, à quoi bon continuer de spécialiser à outrance des zones géographiques, en d’autres termes désindustrialiser l’Europe et la France pour aller produire vers les pays à bas coûts, si nous vivons en permanence avec le risque d’une rupture dans les chaînes d’approvisionnement ?

La question des masques de protection produits massivement en Chine, alors que nous en manquons cruellement en France montre combien nous marchons sur la tête. Faut-il continuer de lier notre sort économique, voire notre souveraineté pour des approvisionnements stratégiques, à ces gigantesques porte-conteneurs – qui, soit dit en passant, ont un impact environnemental catastrophique ? Le temps est venu de faire preuve de beaucoup plus de clairvoyance.

Nous devons nous réindustrialiser, assumer de produire davantage en local, pour le local, c’est-à-dire affronter avec intelligence la question des coûts de production. S’il y a délocalisation vers d’autres zones, c’est parce que la main-d’œuvre y est beaucoup moins chère. Et sur ce point-là, nous n’arriverons jamais à nous aligner, mais nous pouvons produire mieux et autrement ! Comment ? Grâce à une plus grande robotisation de nos usines, gage de compétitivité.

La France est, dans ce domaine, encore beaucoup trop à la traîne : elle arrive au 18e rang mondial, avec une densité de 132 unités de robots pour 10 000 employés, ce qui est bien moins que le Japon, les États-Unis, la Corée du Sud ou l’Allemagne. Pourtant, l’industrie 4.0 et la révolution de l’internet des objets (IoT) offrent un potentiel gigantesque de réduction des coûts : gestion des stocks, flexibilité des process industriels ou encore maintenance prédictive. Sans parler de l’enrichissement des métiers et des compétences qu’il faudra accompagner avec volontarisme et vision au niveau étatique !

Ethique. Les évolutions doivent également porter sur notre état d’esprit productif. À partir du moment où nous sommes dans l’exacerbation des interdépendances, les comportements de chacun, parce qu’ils ont un impact décuplé, doivent s’appuyer sur le respect scrupuleux d’une éthique. Produire n’importe comment, sans les sécurités, les contrôles nécessaires, en méprisant la notion de qualité, c’est mettre en péril tous les maillons de la chaîne.

Toutes les industries sont concernées. Exemple : l’agroalimentaire, qui pourrait être en première ligne face à la multiplication des crises sanitaires. Et là encore, les objets connectés, l’intelligence artificielle sont d’une très grande utilité, car ils permettent une traçabilité totale depuis le pré, l’étable, jusqu’à l’assiette du consommateur, en passant par toutes les étapes de la distribution.

Espérons que cette année 2020 soit le début d’un grand changement.